07 novembre 2023 - 1185 vues
L’empire merina de Madagascar
Vers le XVe siècle, les Merina qui s’étaient établis sur les côtes est de Madagascar après des migrations en provenance de l’Indonésie et de la Malaisie des siècles plus tôt, quittent les régions côtières du Sud-Est pour s’installer sur les Hautes Terres centrales. Vers 1530, Andriamanelo fonde la dynastie des Andriana. La légende veut qu’il ait appris à ses sujets à forger le fer pour fabriquer sagaies, haches et coutelas. Ralambo (1575-1610) nomme le royaume « Imerina » (« d’où la vue porte loin »), le structure et l’étend au détriment de autochtones connus sous le nom de Vazimba. Il instaure des impôts et organise la noblesse en différents échelons. Lui succède son deuxième fils, Andrianjaka, qui transporte sa capitale à Analamanga, la future Antananarivo. Andriamasinavalona (1675-1710) partage le royaume entre ses quatre fils. L’Imerina (région habitée par les Merina) subit alors près d’un siècle de division et de luttes intestines. En 1787, l’avènement d’Andrianampoinimerina à Ambohimanga marque un tournant dans l’histoire de l’île. Andrianampoinimerina (1787 - 1810). Ayant réussi, vers 1795, à s’imposer comme seul souverain de l’Imerina, il transfère sa capitale à Antananarivo et poursuit une politique de développement économique. La maîtrise de l’hydraulique agricole, l’instauration de la corvée et de marchés hebdomadaires favorisent la croissance économique et démographique. Son ambitieux étant d’« avoir la mer pour seule limite de sa rizière », il soumet ses voisins par la diplomatie ou par la force et nomme les princes locaux gouverneurs vassaux afin d’assurer l’ordre dans les territoires conquis. A sa mort en 1810, Andrianampoinimerina laisse un État organisé dont l’administration s’étend sur près de la moitié de l’île. Son fils et successeur Radama Ier (1810-1828) perpétue sa politique d’unification, mais se distingue par son ouverture sur l’occident.
Radama I (1810-1828)
Il mène une politique d’ouverture. Il accueille des missionnaires protestants qui construisent des écoles, fixent le malgache par écrit en caractère latins et l’aide à créer les premières manufactures. De jeunes Malgaches sont envoyés étudier en outre-mer. A partir de 1817, les britanniques, qui s’efforcent de tenir en échec les ambitions françaises sur la grande île, reconnaissent Radama Ier « roi de Madagascar » et lui dispensent leur assistance militaire en échange de l’abolition de la traite. Le souverain Merina met ainsi sur pied une armée de métier et étend son hégémonie à l’Est, puis au Sud. Il parvient même à contrôler le nord de l’île et élimine des derniers postes français hormis Sainte Marie ( Nosy Boraha ). Seule une partie de l’Ouest Sakalava et du Sud échappe à la tutelle Merina. En 1828, la veuve de Radama Ier monte sur le trône.
Ranavalona Ière (1828-1861)
Contrairement à son précesseur, Ranavalona 1re va mener une politique de malgachisation et refuse d’ouvrir le pays aux Européens. Pendant les trente-trois années de son règne, elle lutter contre les tentatives d’invasion européennes et le zèle évangélisateur des missionnaires afin de protéger les structures traditionnelles de la société malgache et les coutumes des ancêtres. Elle dénonce les traités signés par Radama Ier avec l’Angleterre, conteste le protectorat français sur Nosy Be et repousse deux tentatives de débarquement franco-anglaises. Si elle persécute les chrétiens, la reine sait retenir les rares Européens qu’elle juge utiles au pays, tels les Britanniques William Ellis et James Cameron et les Français Napoléon de Lastelle, Jean Lambert et Jean Laborde. En 1857, suite à la découverte d’un complot monté par le prince héritier avec leur appui, les derniers Européens quittent la capitale. Dans le même temps, l’emprise de l’administration sur le pays se renforce au profit de l’oligarchie hova (roturière, par opposition aux andriana, nobles) qui occupe la plupart des fonctions civiles et militaires.
Le Premier Ministre Rainilaiarivony
Le règne des Premiers Ministres. En 1861, la mort de Ranavalona Ière porte son fils au pouvoir, Radama II engage une politique radicalement différente en rappelant commerçants Européens, missionnaires protestants et catholiques. Mais des mesures maladroites (abolition des privilèges, de la corvée et des droits de douanes, importante source de revenu de l’Etat) et une brouille grave avec le Premier Ministre Raharo signent sa perte : il est assassiné le 12 mai 1863. Sa veuve Rabodo, intronisée sous le nom de Rasoherina, laisse bientôt la réalité du pouvoir au Premier ministre Rainilaiarivony, qu’elle a épousé. Ce hova va conserver les rênes du pays pendant trente ans en épousant successivement Ranavalona II (1868-1883), Puis Ranavalona III (1883-1895). Il se consacre à la modernisation de l’État et de la société. Un droit civil et pénal est élaboré. Des ministères sont créés en 1868, une administration adaptée aux différentes provinces est constituée en 1881.
Un empire affaibli et convoité
Antananarivo
Le royaume de Madagascar ou empire merina est peu à peu reconnu par les puissances occidentales, mais affaibli par la cupidité de ses dirigeants et le mécontentement des officiers. Ces difficultés servent les visées de Françoise de Mahy. Ce député de la Réunion et porte-parole de colons en quête de nouvelles terres présente Madagascar comme un nouvel eldorado aux milieux d’affaires parisiens. En 1883, invoquant des droits « Historiques » sur le nord et nord–ouest de Madagascar, les Français bombardent et occupent Mahajanga (Majunga), puis Toamasina ( Tamatave ). Le traité de paix de 1885 instaure un protectorat nominale français sur la Grande Île que l’Angleterre reconnaît en 1890 – en échange, Paris lui laisse les mains libres à Zanzibar. En 1894, alléguant le non-respect du traité de 1885, la France décide d’envoyer un corps expéditionnaire.
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